Du café et des rimes

Mais qui est ce poète ?

On n'est pas sérieux quand on a 17 ans.

Et j'avais un peu moins lorsque je me suis baigné dans le Poème pour la première fois.
C'est à la faveur d'un printemps bien délimité dans mes souvenirs que je suis passé de l'autre côté de la vie. Le côté des gratteurs de mots, des ponceurs de verbe, et caetera. Mes premiers balbutiements poétiques tentaient de reproduire la sensation que me procuraient les traductions des chansons de Kyô, chanteur du groupe de metal japonais Dir en Grey.

« Au sommet de la paisible colline inclinée
La neige tombe doucement
Je comprends que je ne peux pas encore t'atteindre. »

Cette mélancolie prisonnière de l'instant. Voilà, ce que je cherchais à l'époque.

L'Âge Lyrique

Puis ce fut le fleuve. Je me mis à lire, pour le plus grand plaisir de mon professeur de français, et au grand dam de mon professeur de mathématiques. Je goûtais des poèmes, m'enivrais de chansons. Apollinaire, Léo Ferré et Hubert-Félix Thiéfaine, pour moi, c'était la même chose. Des mots que l'on avait mis ensemble et qui, alors, disposaient de propriétés nouvelles, à la manière de ce que l'on observe en biologie.

Je cherchai moi-même mes propres vertiges créateurs. Je voulais ressentir pour moi-même cette jubilation esthétique que Nabokov a connu maintes et maintes fois, j'en suis convaincu.

Des mots sur la scène

Le temps est une locomotive rougeaude et imbibée d'alcool. Elle file dans la nuit noire comme les clochards célestes vont sur ces routes d'Amérique que nos rêves ne peuvent saisir. Le temps avait passé. Je pouvais moi aussi, chanter, « Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... » Mais l'Âge Lyrique est la promesse d'une éternelle jeunesse et la mienne avait encore beaucoup de rimes en réserve.

C'était dans une salle des fêtes privée, perdue en pleine Dordogne. Un groupe local donnait son premier concert. Des compositions de leur cru. Une formation de type rock avec batterie, guitares électriques, mais un chant de type rap où la valse des vocalises cédait la place à la scansion des syllabes.

Lorsque vint l'heure d'improviser, le cœur battant, je montai sur scène.

Et maintenant ?

J'écris sur Instagram et Threads, et puis un peu partout aussi. Il en va de même pour la scène. J'ai tâté les planches du Charleston à Amiens, des Sarrazins de Lille et je fréquente depuis peu le Lavomatic Tour et la librairie La Tonne à Rouen. Je décris également la vie en labo de poésie sur mes réseaux et dans ma newsletter Substack.

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